Halloween
La lettre de ma vie est morcelée, décapitée par le quotidien - de ses gestes naturels emprunts de beautés rares, rarement associées à l’idée de décapitation.
Il en dépose l’exergue sur un post-it coloré, discret et criard ; la date par la plume sur un cahier de texte ; quelques déboires dans le journal intime ; la poésie vivace de l’heure, la lave des pensées soudaines sur le ticket de caisse … est-ce l’instant qui m’assigne, me mandate, est-ce moi qui me soumets, qui tantôt m’épanche sur le papier blanc, tantôt martèle mon clavier des extrémités convexes de mes doigts décidés ? qui sinon fixe le mur blanc dépitée, le goût de ‘seule au monde’ kidnappant mes sens, conscientisant le 'tout cela’ éparpillé aux quatre coins, composante de la lettre de ma vie, celle qui s’étendra jusqu’à ne plus être, celle qu’on devra rassembler qui sans quoi ne sera rien, celle qui n’appartiendra qu’aux chercheurs (de réponses, de quoi), à la famille, aux amants fous ; ou bien au néant, à la décrépitude, aux fosses d'un oubli commun, aux forbans fourbes, aux maléfices des intentions, peut-être..je suis prête à tout tu sais, surtout si quand je suis morte.
Les objets roses de mon appartement sont une ligne de cette lettre. Ma tendance à conserver les fleurs fanées, à manquer les grandes occasions, à être prête après la fête. Mon train de retard TGV. Ce caractère obsessionnel qui m’est peau, qui m’assaille comme tout auteur de lettres est assailli au point qu’il s’agenouille, débite - décalque, débouche, détartre - le fond de ses hontes la tuyauterie, ses prières de paix de cesse qui ne semblent trouver ni l'oreille ni le positionnement nécessaire des astres ; par les élans concordants de son poignet, de sa main, pris à l’assaut de cette envie fiévreuse, appuyée, si suppliante d’écrire.
Les mots coincés dans l’intériorité, qui s’appareillent depuis l’oesophage, finissent par déclarer forfait, élire domicile dans l’estomac, déjà essoufflé par de rudes mécaniques. (les usuelles)
Je suis congelée lorsque j’écris cette lettre qui n’est en réalité autre qu’une strophe de l’immense explication, la résolution. Un jour donc, ma chair deviendra papier, mon enveloppe consumée autorisera la lumière à se frayer un chemin, à éclairer comme une scène le déboire qui sans fin se déroulera, dénudant les vers, élans prosodiques, narcissiques, parfois trop altruiste, les profonds chagrins comme la quantité de chances, de bénédictions. La la la jeune femme je suis, qui se contredit sur tout, qui n’a pour force que sa (valeureuse?) vulnérabilité, qui se laisse souvent guider par la puissance de ses pulsions, visible comme le jour, traçable comme un itinéraire. La témérité de ce qui mue à l’intérieur, la monstruosité de ses pensées exécutives, t’apeurent, mon petit être. ( elle parle à moi ? non non je converse susurre & suffoque seule) que serais-je sans cette lettre sur laquelle je me risque et qui me menace, qui me défie en une tauromachie sans magie aucune à la Michel Leiris.
Les rues dialoguent et leurs échos se réverbèrent jusque dans mon salon. J’imagine les enfants costumés, mais je leur tourne le dos. Mon ventre grogne. Le frigidaire vibre, tant d’objets, de faits sont sonores.
Aujourd’hui le vent coupant déclare l’arrivée de l’hiver, je ne m’apprête pas à avoir froid - résiste- je devrais, moi qui suis si hautement réactive aux basses températures.
Je me sens esquintée (surstimulée, aussi, amorphe), accablée par une chose. éprouve une sorte de surdité sentimentale. Revenons aux autres. Au monde. À la réalité. ...Ou est-ce exactement là que se niche la chose... (dernier fait : ce qui m’agace le plus dans ces périodes ‘dépressives’, c’est cet égocentrisme auquel il me ramène et qui n’est pas exploité pour ses quelques vertus mais plutôt férocement fouillé au niveau de l’ombre, trituré dans ses traumas).
(...)
Journal de bord.er
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Vin mars fin du mois. je m’apprête à me déployer derrière un rideau mauve à la robe coupée crue l’ourlet hirsute ébouriffé.
mon sang bouillonne mes poils s’allongent sous l’air tiède, sondent une décontraction.
un pas qui éloigne un peu des crampes trêves ces crèves hivernales.
un pas qui éloigne un peu des crampes trêves ces crèves hivernales.
au fur et à mesure je balaye le terreau des étagères, colle des vieux tickets dessins post-it en cœur stickers gros titres de vieux journaux sur du papier blanc que j’épingle à la gauche d’une photographie immense, amsterdam en noire et blanche taguée damnée par moi-même un tableau qui repose sur le carrelage contre le mur opaque et crème de la cuisine.
un nouveau cycle encore des rencontres quelques espoirs illusions d’appartenance échanges intimes au soleil levant.
réverbération des rêves dans une langue pleine d’une fraîcheur qui ne s’est pas encore trop foulée pour s’articuler séductrice & suave . une aube une ode - onde qui invite aux étreintes.
réverbération des rêves dans une langue pleine d’une fraîcheur qui ne s’est pas encore trop foulée pour s’articuler séductrice & suave . une aube une ode - onde qui invite aux étreintes.
mon nouvel ami que j’imagine plus tard au Portugal s’est dévoilé médium il a évoqué cet évènement traumatique teasant à la fin de l’été qui m’inciterait à changer pour le mieux encore plus proche de moi-même du noyau cet espace si petit compact chargé en nerfs terminaisons hargneuses .
est-ce possible de progresser à l’abri des balafres qui broient les os les colonnes les croyances
je craque en cuite crèverais pour une baguette sandwich au saumon sur la place maisonneuve, fixe le marché les mandalas du ciel assise fesses fermes au flanc du dossier d’un banc brun, esquivant la neige la dépression le déluge les défaites comme une pauvre chiot la chair de poule égarée petite petite comme l’intelligence d’un homme .
souvenir des anciens qui se déhanchaient devant l’ancien bâtiment derrière la statue la fermière aux émissions des baffles posées au coin de la dernière marche , leur bassin chaussons pas de danse et cheveux blancs, un spectacle qui attendrissait calmait mon cœur trop inquiet de ne pas trouver la joie pour la vivre.
l’hiver a congelé mes capacités cognitives exécutives puis les nouvelles du monde
nos générations qui pagayent dans les débris des précédentes
les obus explosent sur les terres façon poissons-globes dans les océans
tant de cerveaux s’amenuisent aux fluctuations des ondes le sang qui tourbillonne rollercoaster dans le système vasculaire le poison qu’on ingère des cuillères à soupe d’huiles de graisses pauvres de carreaux de sucre carburant qui assurerait une vitesse turbo à longévité mécanique
si seulement nous étions des voitures
à quatre roues plutôt qu’à quatre pattes à négocier la liberté avec une colonie fasciste d’intelligences artificielles, la justice du monde jappe jute il n’y a plus de médiateur, patientez virtuellement dans la salle d’attente comment où ça le métavers évidemment vos problèmes sont trop complexes humains à résoudre revenez-nous avec un algorithme des chiffres des mots réduits des acronymes et surtout pas d’émotion il est temps d’atterrir
la lutte le droit de posséder son propre corps refuse injonctions et piqures traduit le refus d’une déshumanisation imposée par l’altérité et non d’un conspirationnisme quelconque qu’on remette les pendules à la bonne heure du crime
que font-ils de leurs existences à souhaiter les rendre immortelles
autour chaque tissu revêt le rose couleur qui me rappelle l’agréable du désagréable de l’enfance
je n’aimais pas cet état soumis végétatif qui a toujours trop soif qui redoute sécheresse et averses qui ressent tant ne comprend contrôle décide n’arrête rien
je n’aimais pas cet état soumis végétatif qui a toujours trop soif qui redoute sécheresse et averses qui ressent tant ne comprend contrôle décide n’arrête rien
les rêves révèlent les échos larmes ravalées
travaux du jour à l’écran de ce petit cinéma nocturne
au fond de la cage grise
de l’oiseau
l’impuissance d’être résulte d’une accumulation de jugements déplacés superfétatoires
l’impuissance du désir … d'un très long voyage sans foi route aux pentes délabrées cheville foulée silhouette abasourdie jambes de faon sur patinoire
l’impuissance du désir … d'un très long voyage sans foi route aux pentes délabrées cheville foulée silhouette abasourdie jambes de faon sur patinoire
le plus dur salvateur efficace
y croire
*
y croire
*
relent de lui :
c’est toi le plus faux inconstant le moins loup solitaire
les vertus d’une rupture sans démagogie ses révélations
il m’arrive encore de raisonner à travers tes critiques
huitième mois mon existence se propage
s’entame sans forcément fleurir
rêve aux racines d’une âme
écrivaine
-
bouffées de chaleur chaudron de chagrin
l’addition exorbitante celui qui n’accepte pas
l’essence brute bestiale rustique
du tangible et des faits
d’hiver
Galopons galop-
On saigne vers notre propre destruction
Donc l’homme est un animal politique qui se vautre devant l’ordinateur
scoliose rétines
brûlées carbone
-
Debout sur les astres
de leurs oreilles trompettes
quelques extraterrestres distinguent
en apesanteur
des sonorités
lointains échos vibrations de bombes d’obus sur organes d’orgasmes debout
elles semblent provenir du bas
si différentes
simultanées
-
mal de dos de mots d’ignorance
don’t put baby in the corner
j’ai l’arrogance de la lumière
la maturité d’une fleur
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mariée martyr
mes propres miasmes
une ombre d’ogre
la réussite
ressuscite
j’ai peur je
promets
en prose je rêve
en proie
prêche
mon inconscient
…très consciemment
m’attaque
bulles de savon
pays
torpeur talibans toitures tortures
tortues
éclatent
et moi j’arrose
sans arrêt
mes petites peines
privilégiées
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